Les hommes n’ont pas d’amis et les femmes en portent le fardeau

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Cet article a été initialement écrit en anglais par Melanie Hamlett le 2 mai 2019 et est disponible sur Harper’s Bazaar. Il n’est pas sous license libre mais a été traduit avec l’aimable autorisation de son autrice (merci à elle).

La masculinité toxique – et l’idée persistante que les sentiments sont une « chose féminine » – a laissé une génération d’hommes hétéros coincés sur une île émotionnellement retardée, incapables d’établir des relations intimes avec d’autres hommes. Ce sont les femmes qui en paient le prix.

Kylie-Anne Kelly ne se souvient pas du moment exact où elle est devenue la seule et unique amie de son petit ami, sa “que ferais-je sans toi”, mais elle se souvient avoir négligé ses propres besoins au point d’être hospitalisée. « Je lui ai parlé de ses aspirations, j’ai validé ses opinions et j’ai soutenu sa carrière. Je devais être son gourou émotionnel parce qu’il avait trop peur d’admettre qu’il avait des émotions », se souvient la professeure d’anglais de 24 ans, qui étudiait pour son doctorat à l’époque. Le petit ami de Kelly refusait de parler de ses sentiments à d’autres hommes ou à un·e thérapeute, de sorte qu’il avait souvent des moments de déprime, ou il entrait dans des disputes inutiles quand quelque chose le dérangeait. Au final, Kelly est devenu son thérapeute par défaut, apaisant ses angoisses alors qu’il s’inquiétait de problèmes professionnels ou familiaux. Après trois ans ensemble, quand l’épuisement et l’anxiété l’ont amenée à l’hôpital et que son petit ami a déclaré qu’il était « trop occupé » pour lui rendre visite, ils ont rompu.

L’histoire de Kelly, bien qu’extrême, est un exemple courant des relations modernes américaines. Les femmes continuent de porter le fardeau de la vie émotionnelle des hommes, et pourquoi ne le feraient-elles pas ? Pendant des générations, les hommes ont appris à rejeter des traits comme la douceur et la sensibilité, les laissant sans outils pour faire face à la colère et à la frustration intériorisées. Pendant ce temps, le stéréotype de la sauveuse continue d’être idéalisé sur grand écran (merci Disney !), rendant tout à fait normal, voire idéal, de vouloir chercher l’homme à l’intérieur de la bête.

On apprend aux hommes que les sentiments sont quelque chose de féminin

Contrairement aux femmes, qui sont encouragées à développer une profonde intimité platonique dès leur plus jeune âge, les hommes américains – avec leurs poitrines gonflées, leurs coups de poing et leurs étreintes maladroites – grandissent en croyant qu’ils doivent non seulement se comporter comme des robots stoïques devant les autres hommes, mais que les femmes sont les seules personnes auxquelles ils peuvent s’adresser pour un soutien moral – si jamais ils le peuvent. Et comme les relations modernes continuent d’exercer une pression sur « l’autre » pour être « la seule autre » (où les hommes choisissent leurs femmes et leurs petites amies pour être les meilleures amies, les amantes, les conseillères de carrière, les stylistes, les secrétaires sociales, les pom-pom girls émotionnelles, pour eux, leurs futurs enfants ou les deux – et éventuellement, les thérapeutes sur demande moins les 200 $/h), cette forme de gold digging (NdT: recherche de personne aisée pour se marier) émotionnel ne nuit pas seulement aux hommes, elle fatigue toute une génération de femmes.

L’idée d’un “emotional gold digger” a été évoquée pour la première fois en 2016 par l’écrivaine Erin Rodgers avec un tweet qui continue d’être rediffusé sur les médias sociaux, autant par des femmes mariées à des hommes féministes autoproclamés qu’à des maris plus conservateurs. Elle a récemment gagné en popularité car les femmes, se sentant de plus en plus accablées par un travail émotionnel non rémunéré, ont pris conscience des conséquences de la masculinité toxique, qui maintient les hommes isolés et incapables de se soutenir les uns sur les autres. Toutes les femmes semblent se plaindre de la même chose : pendant qu’elles lisent d’innombrables livres de développement personnel, écoutent des podcasts, cherchent des conseillers en orientation professionnelle, se tournent vers des amies pour obtenir des conseils et du soutien, ou dépensent une petite fortune en thérapeutes pour traiter de vieilles blessures et des problèmes actuels, les hommes dans leur vie comptent simplement sur elles.

C’est pour cette raison que l’artiste Lindsay Johnson se fait appeler en plaisantant « Beck and Call Girl ». Non seulement elle s’occupe de son mari et de ses enfants, mais elle vient d’emménager avec sa mère pour s’occuper d’elle aussi, car elle sait que ses frères ne le feront pas. Tous deux récemment divorcés, ses frères se tournent déjà vers elle (mais jamais l’un vers l’autre) pour subvenir aux besoins que leurs épouses comblaient précédemment.

« Les hommes drainent la vie émotionnelle des femmes », dit cette femme de 41 ans, qui vit à Nashville, au Tennessee. « Je les aime, mais Seigneur, ils sont devenus le fléau de mon existence. » Johnson admet qu’elle favorise ses frères en disant oui tout le temps, en partie par culpabilité, mais aussi en partie parce qu’elle aime qu’on ait besoin d’elle – « pour se sentir importante », explique Johnson. « C’est un piège, ça finit par devenir trop et je finis par être épuisée et plein de ressentiment. »

Je ne savais pas qu’il y avait autre chose que la définition par défaut de la masculinité

Comme Johnson, la plupart des femmes à qui j’ai parlé pour cet article croient que leur ego et leur estime d’elle même sont souvent rattachées au fait d’être une béquille pour homme. Mais plus les femmes âgées vieillissent, moins elles semblent disposées à tout faire pour un homme – non seulement parce que nous devenons plus confiantes, plus sages et, bien sûr, fatiguées avec l’âge, mais parce que nos responsabilités s’accumulent au fil des années. Toutes les retraitées que je connais sont plus occupées que jamais, s’occupant de leur conjoint, de leurs amis malades, de leurs petits-enfants et de leurs parents, puis faisant du bénévolat à côté. Entre-temps, la situation ne fait qu’empirer pour les partenaires vieillissants des femmes.

« Les hommes ne font généralement pas l’effort de maintenir des amitiés une fois mariés », dit Johnson. « Les gars au travail sont les seules personnes à qui mon mari parle à part moi, alors quand certains de ces hommes prennent leur retraite, ils s’attendent à ce que leur femme soit leur source de divertissement et deviennent même jaloux qu’elles aient une vie. » Johnson plaisante en disant que les femmes de l’âge de sa mère semblent attendre la mort de leur mari pour qu’elles puissent enfin commencer leur vie. « On m’appellera pour me dire que sa veuve est en croisière autour du monde une semaine plus tard avec ses copines. »

Mais contrairement aux femmes de la génération de nos mères, les personnes de la génération X et les millennials commencent à demander des comptes à leurs partenaires – ou elles partent tout simplement. Ruby Marez, une comédienne d’une trentaine d’années vivant à Los Angeles, en avait tellement marre de travailler comme thérapeute non rémunérée qu’elle a lancé un ultimatum à son ex-petit ami de cinq ans : trouve toi un psy ou c’est fini. « Il n’avait aucune excuse pour ne pas y aller puisque son travail le lui payait. Mais j’étais là, une freelance en difficulté sans assurance santé, toujours en train de trouver un moyen pour aller en thérapie ou au yoga. » Il a refusé pendant deux ans, puis a finalement accepté après plusieurs disputes, bien qu’il ait fallu l’encourager et le lui rappeler. Il y allait rarement, dit Marez, blâmant souvent la thérapeute pour des conflits d’horaires ; et n’a cédé à la thérapie de couple qu’après qu’elle ait fait tout le travail nécessaire pour trouver la thérapeute et pris les rendez-vous. Un peu plus sage, Marez a rompu avec sa dernière relation romantique après avoir dit qu’il n’avait pas besoin de thérapie, parce qu’il l’avait elle pour cela.

« On enseigne aux hommes que les sentiments sont féminins », se plaint Johnson, dont le mari se plaint souvent qu’elle veut « avoir une discussion sérieuse ». Bien que Johnson se vante que son mari soit merveilleux – reconnaissant qu’il ne l’épuise pas avec ses besoins comme beaucoup de ses amis mariés – elle aimerait que les hommes soient encouragés à examiner et à explorer leurs émotions dans un environnement sûr, comme une thérapie, avant qu’elles débordent. « Je suis fatiguée d’avoir à remplacer une autre table de chevet cassée parce qu’il n’avait pas réalisé qu’il avait besoin de parler de ses sentiments », admet-elle.

Johnson n’est pas seul. L’idée persistante que la recherche d’une thérapie est une forme de faiblesse a produit une génération d’hommes souffrant de symptômes comme la colère, l’irritabilité et l’agressivité, parce que non seulement ils sont moins susceptibles que les femmes de chercher de l’aide psychologique, mais une fois qu’ils le font, ils ont du mal à exprimer leurs émotions. (C’est si commun qu’il y a même un terme technique pour cela : « alexithymie masculine normative. ») Pour les hommes millenials en particulier, un défi majeur est déjà de comprendre qu’ils ont besoin d’aide . « Les hommes n’ont jamais appris à identifier leurs besoins émotionnels, leurs pensées et leurs sentiments, ni à exprimer comment quelqu’un peut les aider à les combler », explique la Dr Angela Beard, psychologue clinicienne au Veterans Affairs à Dallas, au Texas. Forcés de remettre en question des idéaux masculins établis depuis longtemps, la thérapie peut être un processus significatif et transformateur, même pour ses patients les plus réticents. « Personne ne leur a jamais demandé ce que la masculinité signifie pour eux, et ils ne se sont jamais posé la question », dit Beard. « Ils peuvent tirer beaucoup de choses de ce processus. »

Mais la thérapie individuelle – qui peut coûter jusqu’à 200 $ par séance et qui est rarement couverte par l’assurance santé – n’est pas possible financièrement pour tout le monde. La thérapie de groupe est une alternative plus accessible (de 50 $ à 75 $ par séance), mais cette pratique fait face à une stigmatisation accrue en raison de son association avec les hôpitaux psychiatriques et les établissements de réadaptation, ainsi qu’avec les traitements imposés par la justice pour gérer la colère, les violence familiale, les infractions sexuelles et la toxicomanie. « Beaucoup de personnes, hommes et femmes, ont ce stéréotype de la thérapie de groupe dans des films comme Self-Control d’Adam Sandler, où tout le monde est assis en cercle en train de pleurer et une personne raconte sa vie et c’est vraiment embarrassant. Mais la thérapie de groupe n’a rien à voir avec cela », explique Beard, qui dirige diverses séances de thérapie de groupe. Lorsque de nouveaux hommes se joignent au groupe, explique-t-elle, les membres titulaires normalisent souvent la thérapie pour eux, leur expliquant que c’est un endroit sûr pour discuter de sentiments personnels profonds. « Ces militaires, dont certains ont subi des traumatismes au combat, éprouvent un grand soulagement à voir leurs besoins validés par leurs pairs. Les membres deviennent assez à l’aise pour partager leur impression honnête d’un autre membre, ouvrant la porte à des commentaires interpersonnels qu’ils n’entendront peut-être jamais ailleurs ».

J’avais l’habitude de me reposer sur les relations avec des femmes pour répondre à mes besoins de proximité et d’intimité, mais maintenant j’ai appris à m’occuper de moi

Pourtant, les statistiques sont peu réjouissantes. Seul cinq pour cent des hommes ont recours aux services de soutien psychologique en consultation externe, même s’ils se sentent plus seuls que jamais (dans une étude britannique récente, 2,5 millions d’hommes ont admis n’avoir aucun ami proche). Qui plus est, les hommes dissimulent la douleur et la maladie à des taux beaucoup plus élevés que les femmes et sont trois fois plus susceptibles que les femmes de mourir par suicide. Les hommes noirs font face à un ensemble d’obstacles supplémentaires, notamment de la discrimination systémique, des stéréotypes raciaux et de la stigmatisation culturelle à l’égard des maladies mentales. Alors que faire lorsqu’un homme a besoin d’un soutien honnête et impartial de la part d’une personne autre que son partenaire, mais qu’il ne veut pas ou ne peut pas essayer la thérapie ? Certains hommes américains ont trouvé une solution efficace : les groupes de soutien pour hommes.

Après plusieurs échecs relationnels, Scott Shepherd s’est rendu compte que malgré son empathie et sa conscience de soi, il lui manquait encore un élément clé de sa santé émotionnelle : quelques bons hommes (conscientisés).

Auparavant, Shepherd s’appuyait beaucoup sur les femmes pour l’intimité émotionnelle parce que c’est avec elles qu’il se sentait le plus en sécurité. Le problème, c’est qu’il est devenu dépendant des femmes auxquelles il s’est ouvert et qu’il ne cessait de répéter le cycle. « J’ai vu que c’était vraiment moi le problème. Peu importe qui était la jeune fille, les mêmes problèmes n’arrêtaient pas de surgir », admet ce leader d’aventure en plein air de Portland (Oregon). « Ces vieux schémas sont assez profonds. J’avais besoin d’un soutien et d’une intimité qui n’étaient pas liés à une seule relation. » Shepherd s’est donc tourné vers Internet, a téléchargé un manuel de groupe pour hommes et a invité quelques amis dont il savait qu’ils seraient réceptifs. Il a plafonné le nombre de membres à huit et a mis en place une structure avec des limites très claires ; le plus important étant que ce dont on parle dans le groupe des hommes reste dans le groupe des hommes.

Chaque réunion commence par une méditation de cinq minutes, suivie de discussions sur tout, de la façon de gérer les difficultés dans les relations amoureuses à la discussion sur les problèmes au travail. Shepherd décrit comme étant « assez percutant » d’être dans un groupe d’hommes quand un ou plusieurs d’entre eux s’effondrent en pleurant. « C’est sain non seulement pour les hommes qui sont vulnérables, mais aussi pour ceux qui sont assis là et qui en sont témoins, en gardant cet espace de confiance où il peut pleurer », explique-t-il. « En tant qu’homme, on ne t’apprend pas à écouter, mais à t’occuper à essayer de réparer les choses ; tu ne peux pas pleurer, seulement te fâcher. Ce groupe a changé cela. Ils commencent à voir que le fait d’embrasser ces choses que nous avons rejetées par peur d’être traités de « gay » ou de « chochotte » est en fait un acte de courage énorme. »

Au début, Shepherd pensait que son groupe d’hommes serait un endroit pour se reposer sur quelqu’un d’autre qu’une femme, mais c’est devenu plus que cela – quelque chose qu’il croit que tous les hommes veulent vraiment et ont besoin, mais ils ne peuvent pas l’admettre. « Dans notre culture, les hommes ont toujours trouvé le moyen d’être proches les uns des autres, mais cela n’a jamais été centré sur les sentiments « , explique-t-il. « On enseigne aux hommes que le remède contre le chagrin d’amour, c’est de se saouler avec ses copains, d’objectiver les femmes, de sortir et de s’envoyer en l’air, de se distancer de ses sentiments et de les canaliser vers une sortie agressive. Nous utilisons le sport comme prétexte pour nous cogner les uns aux autres, tellement nous sommes en manque de contact humain et d’intimité. Mais ce type de proximité est basé sur la camaraderie et l’agressivité, et non sur la vulnérabilité et la confiance. Ce premier type est très superficiel et pas aussi satisfaisant que le second. »

Shepherd a appris qu’il y a certaines choses que vous gérez avec un·e partenaire, mais d’autres qui sont beaucoup plus saines à gérer en dehors de la relation. Au lieu de s’enfuir ou de faire des déclarations extrêmes comme « J’ai peur que ça ne marche pas », il a appris qu’il vaut mieux parler d’abord avec des hommes honnêtes et en bonne santé pour y voir plus clair, puis revenir et dire : « Voici ce avec quoi je lutte ».

Mon ami Stephen, qui m’a demandé de ne pas mentionner son nom de famille pour protéger la vie privée de sa famille, attribue son mariage sain au fait d’avoir rejoint un groupe d’hommes pour l’aider à trouver les outils nécessaires. « Cela a changé ma vie et assuré la stabilité de ma famille », admet-il. Le groupe d’hommes de Stephen, qui se concentre sur tout, de l’établissement et la réalisation d’objectifs à la redéfinition de la masculinité elle-même, est une version plus grande et plus organisée du groupe de Shepherd, avec des chapitres autogérés partout dans le monde. Mais comme Shepherd’s, il est fier du respect de la vie privée (le groupe n’a pas de site Web et accepte de nouveaux membres par le bouche-à-oreille). « Je peux baisser mon masque et prendre conscience de ce qui me fait peur ou de ce qui me rend triste, mal à l’aise ou en colère, sans porter de jugement ou craindre que cela sorte de notre cercle confidentiel », dit Stephen de son groupe. « Nous livrons la vérité et des commentaires difficiles même s’ils ne sont pas bien reçus. »

Non seulement le groupe lui a appris d’autres façons d’être un homme, un mari et un père, mais il lui a aussi donné un espace pour réfléchir au genre d’homme qu’il veut être. « Jusqu’à ce que je fasse ce travail, je ne savais pas qu’il n’y avait rien d’autre que la définition singulière par défaut de l’homme », explique-t-il, ajoutant qu’il est maintenant plus à l’écoute des autres, qu’il est plus généreux avec son affection et qu’il a réalisé l’importance « d’être présent ». Stephen communique avec son groupe toutes les semaines, parfois même tous les jours par messages, selon le soutien dont il a besoin pour maintenir le cap sur ses objectifs. « En fait, nous sommes plus forts quand nous nous appuyons l’un sur l’autre et que nous le faisons ensemble », dit Stephen. Sachant que d’autres hommes ont des problèmes, peu importe à quoi cela ressemble de l’extérieur, il se sent moins seul, dit-il, et moins honteux.

Brené Brown a trouvé dans ses années de recherche que la honte est la plus grande cause de la masculinité toxique. Alors que les femmes éprouvent de la honte lorsqu’elles ne répondent pas à des attentes irréalistes et contradictoires, les hommes ont honte de montrer des signes de faiblesse. Comme la vulnérabilité est malheureusement encore perçue comme une faiblesse plutôt qu’une force, les hommes essaient souvent d’éviter les conversations difficiles qui impliquent la vulnérabilité. C’est pour cette raison qu’afin d’obtenir des résultats positifs de la part des groupes de soutien masculins, les hommes doivent entrer dans ces groupes avec cette intention même – et pas seulement pour trouver des amis.

Nous utilisons le sport comme prétexte pour nous cogner les uns aux autres, tellement nous sommes en manque de contact humain et d’intimité.

Qu’ils soient membres de petits groupes comme celui de Shepherd ou de groupes plus traditionnels comme celui de Stephen, les hommes à qui j’ai parlé étaient tous d’accord sur une chose : que ces groupes en faisaient de meilleurs partenaires pour les femmes dans leur vie. Et il n’y a pas que les hommes qui disent ça. J’ai été témoin de la consolidation mariage de mon amie Liz après que son mari, Randy, a co-fondé un groupe d’hommes avec son meilleur ami il y a trois ans, qui offre un espace confidentiel et neutre pour les hommes dans leur ville isolée de la Nouvelle-Angleterre afin de partager leurs craintes sans jugement.

« Ce n’est pas lui qui va prendre une bière avec des mecs. Il va trouver un soutien psychologique et émotionnel auprès d’hommes qui comprennent ses problèmes », explique Liz. « Ils ne se réunissent pas seulement pour faire la fête, bavarder ou se plaindre de leur vie. Ils sont super conscients de ce dont ils parlent, pourquoi et ce qui est important pour eux. »

Le groupe de Randy, qui limite le nombre de membres à six personnes en tout temps afin d’établir une relation de confiance avec chaque membre, adhère également à des règles strictes de confidentialité. « Chaque fois qu’il est temps pour le groupe d’hommes de se réunir dans l’une de nos maisons, les femmes s’en vont avec leurs enfants et leurs bébés pour que les garçons puissent avoir un espace privé afin de faire ce travail important », dit Liz, précisant que son mari partage également le fardeau du travail à la maison – comme la plupart des hommes dans le groupe. Les réunions ont souvent lieu plus tard dans la soirée afin que les hommes puissent d’abord nourrir leurs enfants et les mettre au lit, et si Liz est occupée la nuit de la réunion du groupe d’hommes, Randy engagera une baby-sitter. « Il ne supposerait jamais que je suis libre de prendre la relève et il ne me demande jamais d’annuler mes plans pour qu’il puisse aller au groupe d’hommes. »

Une messagerie de groupe permet aux hommes de communiquer avec d’autres membres entre les réunions, et pour certains d’entre eux, il s’agit de leur première relation vraiment authentique avec un pair. « C’est super libérateur de se rendre vulnérable à un groupe comme celui-ci », dit Randy, ajoutant qu’il n’a plus besoin de Liz pour être sa seule et unique personne.

De même, maintenant que Shepherd, le leader d’aventures en plein air, n’a plus besoin d’une partenaire pour se sentir émotionnellement connecté et compris, il dit qu’il peut entamer sa prochaine relation sans être émotionnellement dans le besoin, ni égoïste. « Ce n’est vraiment pas sain d’avoir tous ses œufs dans le même panier, peu importe la personne. » Après avoir regardé des vidéos TED, comme A Call to Men de Tony Porter et Why I’m Done Trying To Be Man Enough de Justin Baldoni, Shepherd a réalisé combien il est important pour les hommes de commencer à redéfinir ce que signifie être un homme « bon » pour les femmes dans leur vie. Il croit que les hommes ont un compte à régler en ce moment, non seulement avec leurs torts passés, tant individuellement que collectivement, comme nous l’avons vu avec #MeToo et #TimesUp, mais avec qui ils sont et veulent être. « Notre culture dresse les hommes les uns contre les autres et fait qu’il est impossible pour les hommes de ne pas avoir honte s’ils agissent de manière trop « féminine » devant les autres hommes », dit-il. « Mais certains hommes reconnaissent qu’à l’intérieur, ils ne sont pas aussi forts qu’ils le pensent. »

Melanie Hamlett est une comédienne, écrivaine et conteuse qui se produit à New York et Los Angeles depuis 12 ans et maintenant en Europe, où elle vit actuellement.